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Exposition "Cent deux haïga"

"Cent deux haïga" accrochés aux murs de la galerie de la Mairie du 1-er arrondissement de Lyon. [ 15 septembre 2019]



C'est un événement unique. Ce sont des vibrations nées entre les dessins et les mots inscrits sur du papier. Elle sont créées à travers l'encre et le papier comme supports uniques, accrochés aux murs de la galerie de la Mairie du 1-er arrondissement de Lyon. Les haïkus de Jean Antonini et les encres de Roger Groslon illustrent l'unité du poète et du peintre à travers leur souffle créatif respectif tel « un trait unique de pinceau »1 dans lequel leur livre ouvert s'expose.La noble rencontre entre l'écriture et l'image nous touche sous cette forme poétique d'origine japonaise, le Haïga. Elle se profile subtilement au fil des œuvres de ces deux artistes qui lient volontairement leurs espaces créatifs en un seul lieu. Ces espaces visuels nous offrent bien plus qu'une simple illustration du texte et le texte va bien au-delà de la description de l'image. C'est un processus qui dépasse les catégories de la pensée occidentale. L'expression de nos artistes est plus exigeante, ils cherchent et créent des points de convergence et des interactions entre le texte et l'image bien plus complexe par rapport au sujet.Ici, rappelons-nous de Mikhail Bakhtin (1895-1975), le sémioticien et critique littéraire russe, qui souligne qu'un bon haïku est composé de contrastes entre deux images qui sont basés sur le concept de "contestation, inversion et subversion". Le haïku diffère par sa forme des genres poétiques précédents comme le waka et le renga. La forme poétique du Haïga enrichit cet aspect de la tradition du renga et du haïku, le texte et la peinture 2 seront unis par les voies cognitives des créateurs et seront offerts aux filtres perceptifs du lecteur-regardeur. A son tour, par sa propre sensibilité et en guise de miroir vivant, chacun pourra recréer son propre processus imaginatif à partir des oeuvres communicantes en créant des relations nouvelles.

Les images créées par la main de Roger Groslon rappellent parfois les archipels des lignes topographiques d’Henri Michaux. Parfois, dans ces encres "logographiques" , on peut aussi y voir un langage qui s'improvise entre les dessins "abstraits". Dans ces haïgas, nous pouvons voir l'apparition inhabituelle de lignes géométriques perpendiculaires et parallèles qui rappellent différents types d'espaces proche de la structure préparée en amont pour l'ancienne calligraphie occidentale. Ces nouveaux signes associatifs de Roger Groslon émergent noués avec les vers écrits de la main de Jean Antonini.

Et là, il est plus qu'évident que les auteurs se découvrent au gré des formes et de leur langage. Sur la couverture de ce livre d'éditions unique figure un hommage délicat au maître Matsuo Bashô , père du haïku qui a été aussi une figure exemplaire dans le domaine du haïga. Ici, il faut mentionner deux autres associations harmonieuses et superpositions importantes qui accompagnent ce livre : ce sont les remarquables traductions de ces poèmes en anglais par Michael O'Dea accompagné du transfert bien subtil de ces œuvres délicates pour l’imprimerie par Danyel Borner.

Et pour finir, en gardant le principe de cette forme d'expression poétique, les haïkus de Bachô et d'Antonini sont côte à côte pour qu'on y redécouvre toute la souplesse des sens et l'universalité de l'imaginaire qui traversent les siècles. L'écoulement du temps inspire et renforce l'existence de cette forme poétique qui vient enrichir notre être profond et reste pleine de promesse émancipative qui nous rajeunit tout en nous rendant ouvert à la sagesse des temps anciens :




Un vieil étang une Old pond

grenouille qui plonge, a frog jumps in

Le bruit de l'eau. The sound of water



Matsuo Bacho Sur le site de Terebess Gábor





Rides sur l'étang Ripples on the pond

balancement des herbes swaying of grass

Dire le vent To say the wind


Jean Antonini traduction du français : Michael O'Dea



Anto et Ferhana, Caluire 19 mai 2020



1 « L'Unique Trait de Pinceau est l'origine de toutes choses, la racine de tous les phénomènes." Shitao; « La Saveur du monde” de François Cheng, édition Phébus la collection Points / éditions du Seuil, 1991 et Fabienne Verdier dans « L'Unique Trait de Pinceau » Édition Alban Michel, 2001

2 Comme l'inscrit lui-même Zhao Mengfu en accompagnement du rouleau « Rochers élégants et arbres épars » :

…. Ceux qui comprennent cela

Savent que calligraphie et peinture ont toujours été la même chose. »

102 HAIGAS
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